Les programmes n'émergent pas encore avec clarté, les candidats non plus mais il est une certitude, les élections présidentielles se profilent. Et si on en profitait pour revoir la carte scolaire ?
La carte scolaire, c'est l'orientation dans un établissement scolaire en fonction de sa domiciliation. C'est ce qui amènent tous les gamins des cités à fréquenter le même établissement et tous les enfants du 16è à s'enrichir ensemble dans un autre établissement.
Beaucoup de jeunes de cités sont issus de l'immigration, on peut enfin le dire sans se faire taxer de racisme (enfin à peu près !). Ils sont pour la plupart, issus d'un milieu social défavorisé. Leurs parents ont souvent un niveau faible d'enseignement, ils ont peu accès à la culture. Et il n'est pas rare qu'au moins un des deux parents ne parle pas le français. A cela s'ajoute une culture familiale (coutumes et religions) différente qui donne parfois le sentiment aux jeunes d'être pris entre deux eaux. Dans ce contexte, il est essentiel que la mixité sociale et culturelle puisse intervenir au sein du milieu scolaire. Aussi, Il me paraît urgent, à ce titre, de réorganiser le système de la carte scolaire. Je constate en effet sur le terrain que l'une des difficultés majeures des jeunes de quartiers face à l'insertion sociale et professionnelle est très étroitement liée à l'échec scolaire. Faute de pouvoir être accompagnés par la famille et entraînés par ceux qui tiennent les murs de la cité, ils se retrouvent à nouveau ensemble à l'école. Dans ce climat, les gamins les plus en difficultés décrochent dès les premières années du collège, parfois même au primaire. Et ils passent les années suivantes à évoluer autour de la grille de la cité. On remarque en effet, qu'ils quittent très peu leur quartier.
C'est pourquoi, un réaménagement de la carte scolaire présenterait trois avantages, il permettrait aux jeunes de s'habituer à sortir du quartier, de l'arrondissement, il éviterait qu'ils retrouvent les copains de la cité dans la cours de récréation, et enfin, il permettrait que des enfants de milieux différents puissent évoluer ensemble et s'apporter la complémentarité sociale nécessaire à tout épanouissement. L'idée n'est pas nouvelle, mais qui va enfin s'y atteler ? Car s'il est vrai que les politiques n'ont pas tous les pouvoirs, celui-ci relève bien de leurs compétences !
L'EDUC.
L'idée peut sembler attrayante, et les Américains l'ont essayée. Le vrai problème, c'est que la carte scolaire ne concerne que les écoles publiques, et que tant qu'il y aura cette première ségrégation privé/public, l'idée de vraie mixité sociale à l'école restera un rêve...hélas.
Rédigé par : Marc Quentel | 26/05/2006 à 01:33
Cette vision gosses riches du 16 et pauvre diables africains des "cités" est très réductrice. Ce n'est certainement pas un problème de pauvreté qui amène certains enfants à la délinquence, à l'irrespect et à ne pas faire leurs devoirs à la maison! C'est un problème d'éducation parentale et ce n'est pas aux gamins "riches" de pallier, par le biais de la miccité, à cette insuffisance.
Rédigé par : corniche | 26/05/2006 à 05:26
Tout est dans le titre. Entre celui qui invoque l'idéologie politique et celui qui fuit la richesse (par peur?) des mélanges pour éviter le brassage des populations, nous n'allons pas tarder entre France à avoir des problèmes de consanguinité.
Rédigé par : surtout ne bougeons pas | 26/05/2006 à 08:52
Cette carte scolaire est un casse-tête de toute manière. Plus que son remaniment, c'est la question même de l'inégalité des établissements scolaires entre eux qui est posée. Les ZEP, fondamentalement, n'ont pas apporté beaucoup de moyens supplémentaires et surtout, d'après mes lectures, n'ont pas permis de rattrapper le niveau d'investissement/élève des établissements de "bons quartiers".
Ensuite, il faut rappeller que dans les quartiers dit "défavorisés", on continuent à y envoyer des profs "bleus" qui ne pensent qu'à chopper assez de points pour se tirer de là, alors qu'il faudrait des pédagogues de haut niveau. On ne me fera jamais croire que les gamins ne ressentent pas cet état de chose comme une grosse baffe dans la gueule permanente, une chronique de leur échec annoncé, la confirmation de leur moindre valeur aux yeux du corps social.
Changer la carte scolaire ne changera rien. Les ménages à fort capital culturel et scolaire continueront à déployer des stratégies efficaces d'évitement des zonages défavorables et continueront à sélectionner la meilleure trajectoire possible pour leurs rejetons (mandarin en première langue et serbo-croate en seconde...) tandis que les familles défavorisées ne maîtriseront pas mieux les règles de survie en milieu scolaire.
Ensuite, saupoudrer les gosses un peu partout va conduire certains d'entre eux à se taper de temps de trajet quotidiens qui n'auront rien à envier à ceux des travailleurs balieusards. J'ai toujours pensé que commencer une journée de boulot après une heure de transport éreintant était totalement absurde et contre-productif. Imaginez qu'en plus, le soir, après une nouvelle heure de trajet, on demande au môme de fournir un effort supplémentaire en faisant ses devoirs : c'est délirant.
Je pense que comme d'hab', on demande à l'école de pallier aux déficiences graves de la société. Ce n'est pas l'école qui a créé des ghettos sociaux, qui a favorisé la ségrégation des revenus dans la cité. Je ne vois pas comment elle pourrait réparer plus de 30 ans d'organisation sociale démente et profondément inégalitaire...
Rédigé par : Le Monolecte | 26/05/2006 à 09:48
La carte scolaire pourrait etre un vecteur de cohésion sociale et c'est ce dont manque notre société aujourd'hui. Lorsque je vois certains jeunes lycéens du XVI... ils me paraissent enfermés dans leurs codes sociaux et leurs castes immobiles. Très souvent, c'est le tennis le mercredi, les devoirs avec un précepteur payé au rabais, enfin les soirées très plan-plan ou l'on essaie de faire "rebelle" en cherchant une ébriété assez pathétique.
Réunir les jeunes d'horizons différents serait un plus pour faire découvrir la réalité à ceux qui un jour reprendront le bureau de leur pere. Oui, c'est ainsi, un fils d'ouvrier avait 30% de chance d'arriver à un troisieme cycle universitaire en 1970... aujourd'hui nous sommes à 10%... ces 10% d'ailleurs doivent quitter le pays et s'installer à l'étranger etant donné que les places sont octoryées à des fils de bonnes familles en France.
Oui, il faut réaliser qu'en France, l'ascenseur social est en panne. La mixité sociale est oubliée... les jeunes sont enfermés dans leurs codes sociaux et vivent à coté des autres sans jamais les rencontrer...
La carte scolaire est un détail qui pourrait permettre à certains de voir les bons prof du XVI et à d'autres de se confronter à la réalité de la vie...
Ne changeons rien donc...
Rédigé par : Yannick Comenge | 01/06/2006 à 10:07