En 1996, après l'obtention d'un diplôme de publicité, je quitte pour la première fois le continent européen, pour me rendre aux Philippines. Je suis accueillie par la Fondation Virlanie, à Manille, en tant que bénévole pour une durée de quatre mois. Virlanie est une association humanitaire, créée par Dominique Lemay, français, qui oeuvre auprès des gamins des rues. Mon rôle est une goutte d'eau, je n'ai d'ailleurs à cette époque aucune expérience auprès des enfants. Après une semaine d'adaptation au décalage horaire, au climat, à la langue, à la culture philippine et à la pollution, il est convenu que je me rendrai le matin avec d'autres bénévoles au R.A.C., sorte de prison pour enfants qui ont commis le délit de vagabondage...
Ce voyage est un choc. L'oiseau aux grandes ailes m'a déposée dans un autre monde. Et les raisons qui m'ont amenée à faire cette expérience n'étaient peut-être pas les meilleures. Dans ce contexte, je ne suis pas suffisamment préparée à m'adapter à la culture du pays qui m'accueille. Je vais donc agir et penser selon ma propre culture.
Un matin, lorsque nous arrivons à la prison, le personnel nous apprend que Tony boy est mort. Le garçon avait été "ramassé" quelques jours auparavant, dans la rue. Il nous avait marqué par une certaine joie de vivre, et une grande vivacité. Tony Boy serait tombé de l'escalier qui mène aux deux cellules (une pour les filles et une pour les garçons). Ce serait un accident. L'émotion ne semble pas particulièrement animer le personnel, composée de femmes, dont la directrice de l'institution. Après cette annonce, il nous est précisé que les enfants ne sortiront pas des cellules, ce jour, pour les animations habituelles que nous leur proposons. La directrice, une femme distinguée, au visage impassible, s'apprête à regagner la pièce du personnel composée de bureaux dénudés en bois. Sur chaque bureau une petite glace est posée afin que chacune puisse vérifier l'état de son maquillage dans la journée. Au-dessus, les deux cellules des enfants sont une puanteur dont il est difficile de s'accommoder, tout au moins les premiers temps. Les lits, peu nombreux, sont des planches de bois superposées. La plupart des gamins dorment à terre. Leurs vêtements sont sales, souvent trop larges et déchirés. Certains sont malades. Il arrive parfois que des vieillards agonisent parmi eux, sans que nous puissions comprendre le motif de leur présence en ces lieux. De jeunes mères avec leur bébé font aussi parfois, partie du décor.
Nous tentons d'insister auprès de la directrice, avant qu'elle ne regagne son bureau, pour qu'elle accepte que les enfants sortent des cellules. Elle nous répond que les enfants n'ont pas besoin de ces animations futiles que nous proposons. Elle s'adresse particulièrement à moi puisque je suis la plus ancienne des bénévoles présents. Je m'emporte et lui répond que la condition de ces gamins n'est pas humaine et que cette femme, pour accepter cela, n'est pas, non plus, humaine.
Je viens, sans le savoir, de transgresser deux coutumes Philippines....
(Suite dans la prochaine note).
L'EDUC.
vite la suite ....
Rédigé par : Cedric | 09/05/2006 à 15:07
Demain soir, promis(heure française).
L'EDUC.
Rédigé par : L'EDUC | 09/05/2006 à 23:23
Ben oui, la suite, elle vient quand ? Des promesses, toujours des promesses...
Rédigé par : Gilles | 10/05/2006 à 19:57