Grand-père est impuissant. Prisonnier d'un temps qui n'en finit plus. Scotché dans un lit blanc devant un écran de télévision, pèpére regarde les canards de dessins animés. Du moins c'est ce que disent ses enfants, parce qu'il fixe l'écran et que ses mouvements oculaires semblent s'adapter aux images pour enfants. Moi, je dis que personne ne peut connaître la réalité de grand-père aujourd'hui parce qu'il est rongé par une saloperie qui rappelle à l'homme que ses mots sont minuscules. Pépère a la maladie d'Alzheimer. Il ne parle plus. Depuis, il m'a tant appris.
La génération de mes parents est confrontée à une nouvelle étape de vie. Ils s'agitent face au grand age de leurs parents, s'abîment dans l'éthique. La vieillesse puis la mort. On m'en avait parlé. C'est vrai, je ne peux pas prétendre ne pas avoir été prévenue. Mes parents non plus. Et puis voilà, ça profile le bout de son nez et je me dis qu'on avait beau le savoir, on n'y croyait pas. C'est comme cela que depuis que je vois pépère, petit homme ouvrier à la mèche rebelle, partir en silence, je réalise que je vais moi aussi, mourir. Et après ? Je ne sais pas, j'ai beau lire, regarder, écouter, respirer, en parler. Il semblerait qu'il n'y ait pas de vérité.
J'avais cru que les adultes avaient une réponse à toutes les questions. Une pensée pour grand-père.
L'EDUC
Les commentaires récents