Et si votre enfant n'était pas tout à fait comme vous le voyez, et si les élèves n'étaient pas forcément ce que leurs professeurs en disent, et si les jeunes n'étaient pas comme les éducateurs les appréhendent et si ces mêmes éducateurs ne se situaient plus à l'endroit ou les jeunes les attendent ; et si nous faisions évoluer nos représentations ?
Votre fils aîné est moins bon à l'école que son petit frère. Ses résultats l'ont démontré. Vous en faites parfois le triste constat auprès de vos proches. Il peut aussi vous arriver de laisser "l'idée" s'échapper en présence des deux protagonistes. Loin de vous le souhait d'humilier votre premier mais peut-être espérez-vous ainsi, dans un sourd intérieur, qu'il réagisse par amour propre et se mette alors au travail. Mais si au lieu de cela, il se conformait une bonne fois pour toute au diagnostic ? S'il avait résolument pris le parti d'aller dans le sens du vent, celui de son environnement. S'il n'avait pas voulu froisser son entourage en le confortant dans l'idée qu'il était et serait effectivement moins bon que son frère à l'école. Preuve pour cela qu'il a même parfois de réelles sales notes ! S'il vous parait durant un quart de seconde que la chose puisse être possible. Alors n'hésitez plus. Prenez le risque de faire évoluer votre interprétation. En effet, pour quelle raison objective serait-il moins bon élève que son frère ? Sommes nous certains d'être ici dans le reflet de la réalité ? Si ce questionnement a du sens pour vous, alors prenez la posture qui peut parfois permettre à l'autre de l'aider à sortir de la représentation que l'on a de lui et, par voie de conséquent, qu'il a de lui-même. A la prochaine mauvaise note, interpellez-le : "Tu sais, tu n'es pas obligé de toujours rester dans le rôle du frère qui a les plus mauvaises notes" ou toute autre remarque encore plus pertinente qui l'amènera à un étonnement, voire à de la stupéfaction. La prise de conscience vient en effet de l'étonnement et le changement vient de la prise de conscience.
La posture que j'évoque ici n'est pas une révélation dont j'aurais récemment été animée. Elle est issue de la thérapie systémique et présente un grand intérêt dans le domaine éducatif. Tout acteur de l'éducation rencontre en effet régulièrement des situations de blocage. Celles-ci se traduisent par le sentiment d'avoir "tout essayé" et malgré cela, d'être dans une impasse. Loin d'être une recette magique, le courant systémique peut apporter certains éléments de réponse en vue d'une évolution de situations.
"L’autre est tel que nous le regardons" est le fil à tirer de ce courant de pensée dans le propos qui nous intéresse. Et il est vrai que j'ai souvent fait le constat dans ma pratique qu'un changement de regard porté sur un jeune pouvait induire chez lui un changement de comportement. A ce propos, je citerai Mme Françoise Kourilsky, psychologue et spécialiste du management du changement : "Il ne faut pas confondre la personne et les comportements de la personne".
Une idée toute simple mais Il semble pourtant qu'elle mériterait tout simplement, d'y songer.
Pour en savoir plus :
- "Du désir au plaisir de changer" Françoise Kourilsky, Editions Dunod.
- La systémie : "Selway", le site du développement personnel
L'EDUC.
Là ou il est question de la compétition que nous pouvons, en effet, placer inconsciemment entre nos enfants, entre nous et les autres, nous ne les voyons plus pour ce qu'il sont, mais pour ce que nous voudrions qu'ils soient ("les meilleurs", ou "meilleurs qu'ils ne le sont") selon nos représentations, nos propres filtres plus ou moins réducteurs. En réalité nous projetons ces représentations sur notre environnement en cherchant à le modeler pour qu'il nous corresponde. C'est l'inverse de la remise en question et de l'humanisme. Ce schéma contient en lui même une forme de violence qui s'exacerbe actuellement dans la société et qui est inhérente aux "étatx d'animalité et de colère" que définit la théorie bouddhique des "dix états de vie". Ces états de vie ont tendance à devenir dominants. La croyance en un état de bouddha (le dixième) inhérent à chaque être humain permet de développer nos potentialités illimités en terme de création de valeur de paix pour passer d'une culture de guerre, forcément compétitive, (la loi du plus "fort", dur, cruel...)dualiste, à une culture de paix, non duelle, ou la seule "compétition" est relative à une éducation créatrice de valeur de paix en chacun de nous. Tout ce qui favorise le dépassement de soi au sens de devenir meilleur humainement est créateur de ces valeurs de pacification de l'être humain au plus profond de son être, et par conséquent avec son environnement. "L'inséparabilité de soi et de son environnement" est l'un des principes bouddhique qui permet de réaliser concrètement que ce qui est en nous est aussi extérieur à nous. Le monde,les événements extérieurs étant "miroirs" de ce que nous sommes. Si nous nous changeons nous même, en pacifiant notre vie, nous développons intérieurement un facteur d'harmonie qui contribue par conséquant à pacifier notre environnement, la société, l'univers. C'est la simultanétié de la cause et de l'effet relaitve à la loi de causalité de l'univers appelée Nam Myoho Renge Kyo..
Merci pour votre blog riche en contenu, beau et bon !
Yann De Saulcourt
A lire, de Tsunesaburo Makiguchi : Education pour une Vie Créatrice de Valeurs. Idée et proposition de Tsunesaburo Makiguchi. Edition du Rocher
Rédigé par : Yann De Saulcourt | 08/04/2006 à 11:33